Le Drapeau de fumée: Pour en finir avec la repentance coloniale

Après Indigènes le spectateur citoyen est prié de se repentir une seconde fois sur son abjecte histoire coloniale en allant voir Mon colonel. Trop c’est trop ! L’Histoire est depuis trop longtemps aux mains d’idéologues marxistes (quand ce n’est pas l’Ecole toute entière), il est donc grand temps de se laver le cerveau avec de véritables historiens…La vérité vous rendra libre !

Pour en finir avec la repentance coloniale : C'est le titre d'un ouvrage de Daniel Lefeuvre, paru récemment aux éditions Flammarion. L'auteur est professeur à l'université Paris-VIII

Saint-Denis, il a publié récemment Chère Algérie, Comptes et mécomptes de la tutelle coloniale, 1930-1962, un ouvrage qui renverse un certain nombre d'idée reçues sur l'exploitation économique dont les colonies françaises auraient fait l'objet, et dont la lecture est également à recommander.

Dans le contexte actuel, la lecture de Pour en finir avec la repentance coloniale est on en peut plus opportune pour ne pas dire salutaire. Il s'agit pour Daniel Lefeuvre de revenir sur les "contrevérités"et le "bricolage" auxquels se livrent depuis quelques années un certain nombre d’idéologues, de "Repentants". Parmi ces Repentants, citons le très controversé Olivier Le Cour Grandmaison : celui-là même qui dans Coloniser, Exterminer, voyait dans

les "enfumades" - pratiquées au dépens de quelques centaines de rebelles réfugiés dans des grottes - ni plus ni moins qu'une anticipation des chambres à gaz ! Rien que ça !

Daniel Lefeuvre est clair et concis, peut-être un peu trop. C'est sans doute le prix a payer pour être publié actuellement, et surtout pour être lu. Qu’on se rassure les vérités sont dites : "Après celle de la guerre d'Algérie, une nouvelle génération d'anticolonialistes s'est levée. Courageuse jusqu'à la témérité, elle mène combat sur les plateaux de télévision et dans la presse politiquement correcte."

Autre cible de choix pour l'auteur, Gilles Manceron, le rédacteur en chef de la revue de la Ligue des droits de l'homme ;

à son adresse : "entre leurs mains, l'histoire endosse une nouvelle mission : elle est chargée désormais de dire le bien et non le vrai, elle doit juger plutôt qu'inviter à connaître et à comprendre". Un peu d'humour : "c'est en contradiction absolue avec les règles humanitaires et, en particulier, avec les conventions de La Haye de 1899 et 1907, que César décide, en 53 avant Jésus-Christ, d'anéantir les Eburons révoltés."

Et pour conclure, "Prétendre que les Français doivent faire acte de repentance pour expier la page coloniale de leur histoire et réduire les fractures de la société française relève du charlatanisme ou de l'aveuglement."

L'auteur revient, entre autres, sur les problèmes posés par la conquête de l'Algérie (peut-on parler d'extermination ?), l'exploitation économique (la France a-t-elle vraiment pillé ses colonies ?), l'immigration (les travailleurs originaires du Maghreb ont-ils reconstruit la France ?). Avec à propos, et en citant une historiographie récente.

Pour en finir avec la repentance coloniale (Quatrième de couverture):

"Après celle de la guerre d'Algérie, une nouvelle génération d'anticolonialistes s'est levée, qui mène combat pour dénoncer le péché capital que nous devons tous expier : notre passé colonial, à nous Français. Battons notre coulpe, car la liste de nos crimes est longue Nous avons pressuré les colonies pour nourrir notre prospérité, les laissant exsangues à l'heure de leur indépendance ; nous avons fait venir les " indigènes " au lendemain des deux guerres mondiales pour reconstruire la France, quitte à les sommer de s'en aller quand nous n'avions plus besoin d'eux ; surtout, nous avons bâti cet empire colonial dans le sang et les larmes, puisque la colonisation a été rien moins qu'une entreprise de génocide : Jules Ferry, c'était, déjà, Hitler !

Contrevérités, billevesées, bricolage... voilà en quoi consiste le réquisitoire des Repentants, que l'auteur de ce livre, spécialiste de l'Algérie coloniale et professeur d'histoire à l'université Paris-8, a entrepris de démonter, à l'aide des bons vieux outils de l'historien - les sources, les chiffres, le contexte. Pas pour se faire le chantre de la colonisation, mais pour en finir avec la repentance, avant qu'elle transforme notre Histoire en un album bien commode à feuilleter, où s'affrontent les gentils et les méchants. "