lundi 5 mars 2007

Utopie et royaume patagon

De l’Utopie en général…

Dans le langage courant actuel, " utopique " veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. Or, paradoxalement, les auteurs qui ont créé le mot, puis illustré le genre littéraire inventé par Thomas More en 1516, avaient plutôt pour ambition d'élargir le champ du possible, et d'abord de l'explorer.

Thomas More invente le mot latin : Utopia, construit à partir du grec ou, " non, ne … pas ", et de topos, " région, lieu ", est le nom d'une île située " en aucun lieu ". Cette négation est ambiguë. Faut-il entendre que cette île, dont le gouvernement idéal règne sur un peuple heureux, est imaginaire, inédite, ou encore impossible ?

En publiant à Louvain, en 1516, un petit livre intitulé Utopie, traité sur la meilleure forme de république et sur une île nouvelle, Thomas More, haut dignitaire de la cour d’Angleterre, fonde un genre nouveau, au croisement de la littérature, de la politique et de la philosophie. Ce faisant, il donne une forme durable à un motif essentiel de la modernité. L’ouvrage se présente comme un dialogue, dont le personnage principal est un voyageur fictif, un compagnon d’Amerigo Vespucci qui aurait poursuivi l’exploration des îles du Nouveau Monde. Au livre premier, il développe une critique sévère de l’Angleterre de l’époque. En contrepoint, au livre II, il décrit les institutions, le mode de vie et l’histoire des habitants heureux de l’île d’Utopie.


La nouveauté de l’ouvrage tient à ce que cette société idéale est, ici-bas, l’œuvre des hommes eux-mêmes : l’environnement naturel n’est pas idéalisé, comme dans les légendes de l’âge d’or ou des pays de cocagne ; les Utopiens sont des hommes comme les autres, marqués par la Chute et le péché ; ils n’ont bénéficié d’aucune grâce divine particulière. S’ils sont parvenus à chasser les maux et les vices, c’est simplement en construisant une autre organisation sociale.

Au fil des siècles le sens du mot va changer. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que le sens courant actuel s'impose et que l'utopie en vient à désigner un projet politique ou social qui ne tient pas compte de la réalité. Pour quelques-uns, que justement la " réalité " n'enthousiasme guère, il s'agit là d'une qualité essentielle ; plus généralement, un glissement s'opère, faisant de l'utopie un projet irréalisable, voire irréaliste. En témoignent les renvois synonymiques donnés par le Petit Robert à l'article " utopie " : chimère, illusion, mirage, rêve, rêverie…




…A l’Utopie en particulier.

Notre utopie qu’elle est-elle ? La réponse est évidente, chacun porte en lui son utopie propre, celle qui n’appartient qu’à son imaginaire, celle qui se situe dans un non lieu personnel…notre utopie c’est notre rêve secret ou pas ; notre espérance plus ou moins réaliste…une chimère ? Oui peut-être…A moins que pour certain cette île, cette terre, ce pays n’existe véritablement !

La Patagonie …ou l’Utopia de Jean Raspail

Dans Le jeu du roi, il y a une expression qui définit bien votre univers, c’est “orphelins du rêve”. Rencontrez-vous encore de ces orphelins du rêve ?


Il y a moi ! Nous sommes dans un monde où il est très difficile de se projeter dans une existence rêvée. Je ne parle pas du rêve du type qui pense qu’il va gagner au loto. Ce monde-ci ne permet pas du tout le rêve. Ce qui explique tout ce désarroi, dans la jeunesse en particulier. C’est quand même épatant d’avoir été jeune il y a une centaine d’années quand ce monde s’ouvrait complètement, où l’on pouvait découvrir je ne sais quoi, où il y avait des terres à prendre de partout… C’était extraordinaire ! Aujourd’hui, le seul rêve de conquête ou de dépassement complet c’est l’espace - qui est un univers de machines - ou alors la vie mystique intérieure. Je n’en vois pas d’autres. On ne sait plus où projeter nos rêves. En écrivant mes livres, je me raconte des histoires à moi-même. Mes livres racontent à peu près la même histoire : la recherche d’un rêve absolument irréalisable.

L’imaginaire n’est-il pas une arme qui permet d’échapper à tout et d’entrer partout ?


Oui, certainement. C’est comme cela qu’on se sauve. On fuit, on s’en va. C’est ce qui fait la grande chance du romancier. J’aime m’échapper dans le rêve.

Certains de vos lecteurs se sont appropriés la Patagonie mythifiée de vos romans. N’est-ce pas la plus belle reconnaissance pour un romancier ?

Oui, bien sûr. Il y a même un Consulat général de Patagonie. Chacun rêve comme il veut de la Patagonie. C’est un mythe et donc on en fait ce qu’on veut. Peut-être que je réponds à un besoin d’évasion et de merveilleux qui se trouve chez certaines natures bien nées…




Citations utiles au rêves....................

« La ultima esperanza »

« Il faut avancer à pas prudents au royaume de Patagonie. Sinon il s’efface comme un mirage ou vous engloutit dans ses sables mouvants. »

« Notre force s’appelle : solitude. Le flambeau se transmet la nuit, au milieu du désert. Craignez vos semblables par-dessus tout. Restez muet. Sinon, ils vous détruiront. »

« La Patagonie, le royaume, c’est cela aussi : le rêve et les échos du rêve. Un va-et-vient qui peut n’avoir jamais de fin. »


« La Patagonie, c’est ailleurs, c’est autre chose, c’est un coin d’âme caché, un coin de cœur inexprimé. Ce peut être un rêve, un regret, un pied de nez. Ce peut être un refuge secret, une seconde patrie pour les mauvais jours, un sourire, une insolence. Un jeu aussi. Un refus de conformité… »


« Nous mourons tous pour le même empire, celui qui n’a ni terres ni frontières et que nous portons en nous.. » OvP

Le drapeau : « C’est le drapeau du hasard…Ce drapeau n’a aucun sens. C’est le mien. »

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