mardi 11 septembre 2007

Quand le grand St Paul choquait les petits bourgeois

POURQUOI METTRE CE TITRE AU PASSE PUISQU'ILS NE CHANGERONT JAMAIS !

trouvé sur le blog de
Patrice de Plunkett

Saint Paul et l'esclave fugitif : l'épître qui choquait le bourgeois en 1890

3a9a05b239848c5b96bc5812522f6925.jpgToujours d'attaque en 2007 :


Dans les lectures de ce dimanche (Messe NOM), un texte que l’on ne cite pas assez souvent : la lettre de Paul à Philémon, chrétien de la ville de Colosses (Turquie actuelle, à 150 km à l’est d’Izmir-Ephèse). Paul lui écrit pour une raison spéciale : Onésime, esclave de Philémon, s’est enfui – avec de l’argent – et s’est réfugié chez Paul. Il s’y est converti. Que fait Paul ? Il renvoie Onésime à Philémon, mais avec cette lettre, qui suggère à Philémon : a) de pardonner à Onésime, b) de le traiter désormais, non comme un esclave, mais « comme un frère bien-aimé ». « Accueille-le comme si c’était moi, si tu es en communion avec moi… »

On trouve ici l’application du précepte de la lettre aux Romains : « Il n’y a plus ni esclave, ni homme libre … car tous vous êtes un en Jésus Christ. » Tous les baptisés sont libres et égaux devant le Père, dans le Corps mystique du Fils. Paul propose donc à Philémon de ne pas appliquer la loi romaine punissant les esclaves fugitifs, et même de traiter Onésime comme « un frère ». Quand on se dit chrétien, il faut être cohérent.

Ce texte de Paul est l’un de ceux qui exaspéraient le jeune Maurras en 1890. Lui et sa génération de positivistes de droite, dans leur posture intellectuelle néo-païenne, vomissaient « le venin du Magnificat » et son exaltavit humiles.*

La question se pose tout autant aujourd’hui. L’Evangile est une radicale mise en question de nos normes sociales, même les plus consensuelles et les plus classiques – et pas seulement les innovations des « nouvelles mœurs ». Avant de céder au réflexe (« faire appliquer la loi », « faire respecter mes droits »), celui qui se dit chrétien doit comparer avec l’Evangile et prendre le temps de s’interroger. Sans quoi son christianisme n’est pas une foi imprégnant la vie, mais une superstructure idéologique – à fonctionnement sélectif et intermittent. Pensons-y. Nous sommes tous concernés.

(*) Deposuit potentes de sede… Cette idée, vue comme subversive en 1890, est exprimée dans un latin d’église qui sera vu comme réactionnaire en 2007.

Aucun commentaire: