mardi 21 juillet 2009

ERNST von SALOMON



A Berlin, comme à Buenos Aires, la plus forte impression est produite sur Drieu par un écrivain. Ernst von Salomon a écrit Les Réprouvés, histoire de jeunes hommes sortis de la guerre et qui ne trouvent pas leur place dans la société. Est-ce en allemand ce Gilles futur auquel Drieu pense depuis longtemps et dont, de livre en livre, il approche ? Non : pas de salons, pas de brillance érotique ni de vernis littéraire, pas de high society.

Ce romancier mène Drieu à travers le Berlin populaire, le Berlin de l’Alexanderplatz, lieu où les communistes rassemblaient les révoltés et que les chemises brunes comptent récupérer. Le dur Allemand qui marche près du parisien n’a pas le baroque poétique de Borges. Quand ils rentrent dans un café, ce n’est pas pour entendre une guitare aux mains d’un ouvrier. Ici tout est âpre, tendu, rude. Ernst von Salomon a fait six ans de prison pour complicité de meurtre […]. « Ma famille est originaire de France. Après trois ans au secret, on m’a autorisé à recevoir UN livre. J’ai demandé Le rouge et le Noir ».

Drieu écrira à Beloukia : « J’ai passé la soirée avec l’écrivain allemand que j’aime le plus, Ersnt von Salomon, qui a été des années en prison pour avoir participé au meurtre de Rathenau. Il m’a parlé avec beaucoup de franchise et de force. C’est beau de voir un homme au dessus des événements. Il a tout fait pour créer ce régime et il refuse les honneurs : un vrai aristocrate ».

Dominique DESANTI, Drieu La Rochelle, Paris, Flammarion, 1978, p. 317-318.

Merci à ZENTROPA

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